Partez on ferme,
Texte de Jens Denissen
Laissant derrière nous ce qui reste des maisons d'un village de roms démoli au bulldozer il y a quelques semaines, nous apercevons la tour en colimaçon et le portail grand ouvert de l'entrée de Mirapolis. Une fois passé les têtes d'éléphants qui ornent la grille du parc d'attraction abandonné, la fenêtre de la maison du gardien s'ouvre brusquement : "Vous n'avez pas le droit d'entrer!"

Un peu étonnés du ton agressif de la gardienne, une femme âgée d'une cinquantaine d'années, nous lui demandons pourquoi le portail est ouvert. "La police va arriver. Il y a des roms qui se sont installés dans le parc. Le campement d'en face a été démantelé et ils ne savaient pas où aller. Mais ils ne peuvent pas rester dans le parc!"

Au fond de la loge un peu sombre on aperçoit quelques cartes postales : le lac artificiel, Gargantua, mais aussi des plages plus lointaines. "Vous habitez ici depuis longtemps?" "Oui, depuis l'ouverture du parc." Mais la dame ne sait plus quelle année Mirapolis a mis la clé sous la porte. Elle nous demande de partir et nous faisons demi-tour. Le portail se referme.