Vers la confluence, direction Conflans
Texte de Sylvain Maestraggi
Dans une boucle de la Seine, à cheval sur les communes de Carrière-sur-Poissy, Triel et Chanteloup-les-Vignes, s’étend une vaste plaine. L’épandage des eaux usées de Paris l’a longtemps vouée au maraîchage, jusqu’à ce qu’on s’aperçoive en 1980 que la terre était souillée. La nudité de l’hiver fait ressembler ces champs incultes à d’immenses terrains vagues sertis de bocages.
      
Une station d’épuration, un incinérateur de déchets répandent des effluves nauséabonds sur toute la plaine. Les chemins sont par endroits jonchés d’ordures et de gravats. Ces terres sont occupées par quelques caravanes, et par un campement de Roms venus d’un village des bords du Danube. Sur le sentier des Cerisaies, une petite famille de Gitans en promenade nous dit bonjour. On y croise également une piste de course pour voitures téléguidées, ainsi que de grands potagers.
      
Une expérimentation est menée pour dépolluer les sols avec des plantes. L’étang de la Galiotte, tout au sud de la boucle, offrait déjà l’exemple d’une occupation précaire : des cabanes flottantes, relativement coquettes, qui rappellent l’habitat fluvial constant dans la région. Un peu plus haut, à Andrésy, l’aménagement d’un parc suscite d’âpres querelles avec les habitants d’une île.
      
En fin d’après-midi, nous passons en bateau la confluence de la Seine et de l’Oise. L’adjoint au maire d’Andrésy nous raconte que 200 réfugiés tibétains sont venus s’installer à Conflans. Pourquoi viennent-ils jusqu’ici ? Selon Denis Moreau, c’est la confluence qui les attire.
      
La nuit venue, lorsque nous longeons le quai pour rejoindre la station de RER, alors que je me penche aux hublots de la péniche-église baptisée Je sers, je les aperçois : ils sont assis là, dans le ventre du navire, à jouer aux cartes, à prendre leur repas.